La Roue du Temps est une des plus grandes saga de fantasy jamais parues. Commencée en 1990 par Robert Jordan, elle ne verra sa conclusion qu’en novembre 2012, avec la parution du quatorzième et dernier tome, écrit par Brandon Sanderson tout comme les deux précédents.
Atteint d’une maladie grave, Robert Jordan nous a en effet quitté le 16 septembre 2007. Ne voulant pas lasser son oeuvre inachevée, il confia à ses proches la tâche de trouver un auteur pour poursuivre la série, signe de son attachement immense pour cette œuvre sur laquelle il a travaillé pendant près de quinze ans.
Écrivain jeune mais déjà reconnu, et surtout grand admirateur de la série, Brandon Sanderson fut le premier choix de la famille de Jordan et accepta de rédiger le dernier tome (qui se transforma finalement en 3 tomes) de la Roue du Temps d’après les notes laissées par l’auteur.
Le pitch de la Roue du Temps est simple : trois jeunes paysans, Rand, Mat et Perrin, se retrouvent plongés au cœur d’aventures qui les dépassent après l’arrivée dans leur village isolée d’une Aes Sedai (magicienne).
Attaqués par des Trollocs et des Myrddrals, créatures maléfiques, ils doivent fuir ces êtres qui les traquent sans qu’ils comprennent pourquoi. S’en suit toute une épopée qui prend rapidement des proportions inattendues, à mesure que les personnages se multiplient, que les intrigues s’imbriquent les unes les autres et que les destinées de nos trois héros involontaires se dessinent avec davantage de précision.
Le génie de Jordan est là : il a su allier la complexité des personnages et de leurs sentiments à celle de l’histoire et de son univers, et en faire quelque chose de cohérent et d’intéressant à tous les points de vue. Au fil de la lecture on voit émerger des factions, des peuples avec leur caractéristiques, leurs affiliations, des conflits, des alliances, des complots, etc. Les forces des ténèbres sont sur tous les plans, jouent à tous les niveaux, et interviennent tant qu’elles le peuvent. Du côté de la lumière, chacun voit les choses différemment. Les Aes Sedai, les Enfants de la Lumière, tout le monde tire les ficelles en son sens, convaincus que seule la voie qu’ils suivent est la bonne. Rien n’est blanc ou noir : une des richesses de la série est de ne pas tomber dans un manichéisme si souvent rencontré en fantasy et que l’on aurait pu craindre étant donné le thème de la série (la lutte du Dragon, le héros de la Lumière, contre le Ténébreux).
Tout cela prend une dimension extraordinaire, plus que dans toute autre saga. Robert Jordan ne centre pas les événements exclusivement sur Rand et ceux qui le suivent, mais nous fait partager tout ce qui peut influer sur la situation géopolitique de cette atmosphère de fin du monde.
Voici un court texte écrit par RJ himself pour présenter son œuvre :
“Imaginez un monde qui n’a jamais existé. Imaginez la fin du XVIIème siècle, alors que la poudre à canon est un secret d’une Guilde des Illuminateurs. Imaginez la Terre du Milieu de Tolkien sans Elfes, sans dragons, sans hobbits, mais avec ses peuples qui grandissent et évoluent réellement. Imaginez un monde détruit il y a 3000 ans par un homme qui canalisait le Pouvoir de l’Unique. Imaginez un monde où pendant 3000 ans, la pire chose qu’on pouvait imaginer était un homme canalisant le Pouvoir de l’Unique, touchant la partie Mâle de la Source Authentique. Car il aurait était destiné à la folie, et à la mort. Avant de mourir il aurait été un fou pouvant canaliser le Pouvoir de l’Unique qui fait tourner la Roue du Temps qui dirige l’Univers. Ainsi, de tels hommes ont été pourchassés et abattus pendant 3000 ans. La prophétie annonce que le Ténébreux va se libérer et s’abattre sur le monde. Le Ténébreux exilé par le Créateur lors de la Création. La prophétie dit qu’un enfant va naître pour affronter le Ténébreux lors de la Dernière Bataille. Cet enfant, cet homme, pourra canaliser, et devra affronter le même destin que ces hommes. La prophétie annonce qu’il va sauver le monde et le détruire. Ceci est le début. Ceci vous prépare à la lecture de la Roue du Temps.”
l faut noter cependant qu’une critique revient souvent à propos du rythme de la série, parfois lent, qui peut décourager. Cela dépend de ce que l’on cherche : multiplier les points de vue, même au détriment de l’action, ne fait qu’améliorer la cohérence d’une œuvre qui se base en grande partie sur les intrigues politiques.
Peu à peu, on s’immerge de plus en plus et les enjeux qu’a su mettre en avant l’auteur font que l’on ne s’arrête plus avant la fin (et qu’on en redemande…)!