La légende Arthurienne et la Roue du Temps : correspondances et références

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L’univers de la Roue du Temps est un univers extrêmement riche. La richesse du monde créé par Robert Jordan se traduit par de nombreux événements scénaristiques mais aussi par une pléthore d’éléments de toile de fond (pays, peuples, Histoire, géographie etc.). Il n’est donc pas étonnant que dans un tel foisonnement, des hommages ou des rappels à des références mythiques déjà existantes soient réalisés.

Par jeu ou par malice, Robert Jordan a disséminé un peu partout des références par le biais de nom ou de situations (ex : Armageddon / Tar’mon Gaidon ou encore Paradise / Paaran Disen, l’Arbre de la Vie dans le paradis perdu etc.).

Tenter de dresser une liste exhaustive des clins d’œil qui existent dans la Roue du Temps est une tâche ardue. Aussi, nous allons, pour aujourd’hui, nous cantonner à repérer les références faites à une des plus célèbres légendes de l’humanité : celle du Roi Arthur.

Les similitudes de noms

Des personnages, parmi les plus importants de l’intrigue, mais aussi des lieux portent des noms similaires ou évocateur du mythe arthurien.

Parfois, le lecteur peut même constater que la concordance de nom est accompagnée d’une concordance de style de personnage.

Honneur aux dames, commençons par le personnage de Nynaeve Al’Maera.
La célèbre Sagesse originaire des deux rivières porte un nom qui rappelle immanquablement celui de Viviane ou encore plus Niniane. Les deux sont des fées de l’île d’Avalon. Nynaeve, quant à elle, est une Aes Sedai hors du commun ayant des liens étroits avec le personnage de Lan (qui rappelle, comme nous le verrons plus tard, le Lancelot de la Geste arthurienne). Mais toutefois, outre le nom, le rappel à ces personnages arthuriens n’est pas frappant.

Les ressemblances de nom sont frappantes également pour Elayne (Elaine est la femme de Lancelot), pour Egwene (Guenièvre est la femme d’Arthur).

Chez les hommes, nous pouvons retrouver d’autres rappels.

Lan a un nom proche de celui de Lancelot, sans pour autant lui ressembler du point de vue du caractère, sauf s’il on évoque leur talent à l’épée et leur courage. Gawyn (Gauvain en français chez Chrétien de Troyes mais Gawyn en anglais chez Mallory) porte un nom rappelant immanquablement le monde arthurien sans pour autant ressembler au personnage de référence.

Par contre Galaad (idem dans les deux langues) se comporte de façon très similaire au chevalier arthurien. Tous les deux sont des personnages d’une grande beauté, se considérant comme purs. Le Galaad de Robert Jordan est aussi ennuyeux que celui du monde arthurien. La principale différence entre les deux personnages ne se trouve pas dans les personnages mais dans les conséquences de leurs actions. L’un provoque des effets bénéfiques tandis que l’autre, par ses idéaux précipite l’intrigue dans une situation difficile.

Certains réprouvés portent également des noms qui éveillent des souvenirs. C’est le cas pour Demandred (qui ressemble à Mordred, fils caché d’Arthur). Je ne résisterais pas à l’envie de vous faire remarquer que d’autres Réprouvés portent des noms évocateurs bien que n’étant pas du domaine arthurien (ex : Asmodean pour Asmodée, …).

Pour en terminer avec les personnages, nous citerons le roi unificateur Artur Paendrag dont le nom est très proche de celui d’Arthur Pendragon, lui-même. Les deux personnages ont d’ailleurs d’autres points communs : une guerre contre des êtres magiques, une aura légendaire sans égale, un retour annoncé…

Les noms des villes du monde de la Roue du Temps sont également des rappels clairs.

Tar’Valon n’est autre que l’Avalon arthurienne. Ce sont deux endroits envoûtant qui abritent des êtres magiques.

Caemlyn fait immanquablement songer à Camelot, la capitale du roi Arthur ou encore plus à Camlaan, lieu où Arthur meurt avant d’être emporté en Avalon par Morgane.

Cairhien, est peut être un rappel à Caerlon, ancienne capitale d’Arthur.

Les similitudes scénaristiques et conceptuelles

Ce similitudes, pour le lecteur qui a une connaissance même légère du monde arthurien, ne sont pas moins remarquables que celles portant sur les noms

Nous évoquerons ici trois, parmi les plus remarquables.

Callandor
L’appel du pied le plus flagrant est l’usage qui est fait de Callandor, qui annonce le retour du Dragon. Tel Excalibur qui a permis d’identifier le descendant d’Uther Pendragon, Callandor a été l’épée qui a permis à Rand de révéler sa nature au monde.
Et lorsque Rand plante Callandor dans le sol de la Salle, le lecteur ne peut que penser à Excalibur fichée dans un rocher dans une forêt de Cornouailles…

Le Dragon
Le Dragon est l’emblème de Rand tout comme il était celui d’Arthur (on en retrouve des traces d’ailleurs dans la culture gaëlique, comme le prouve le drapeau du Pays de Galles dont le dernier prince indépendant se nommait Llywelyn… presque Lews Therin…)

Le lien entre Champion et Aes Sedai
Autre rappel plus discret mais tout aussi troublant, la relation Aes Sedai – Champion est passionnante.
Le lien qui s’établit entre une Aes Sedai et un lige est un lien magique qui touche chacun des protagonistes jusque dans sa chair. Si l’un souffre, même mentalement, l’autre le sait immédiatement. D’un autre côté, la protection offerte par le Champion est récompensée par des compétences physiques accrues.
Ce lien me fait invariablement penser à l’amour courtois (le fine amor) qu’on rencontre dans les romans arthuriens.
Cet amour, toujours suggéré (et parfois consommé si mariage il y a), est typique de cette littérature. C’est une relation très particulière qui lie en général un chevalier à une noble dame. Le guerrier se livre pieds et poings liés au bon vouloir de la dame qui, afin de lui permettre de prouver son amour, l’oblige à remplir des missions plus périlleuses les unes que les autres. Ce dévouement est source de bonheur intense mais également de détresse absolue. De même, l’Aes Sedai se trouverait en plein désarroi si quoi que se soit arrivait à son Champion.

Là où ça devient très drôle….

Là où toutes ces références, tous ces rappels deviennent comiques, c’est quand Robert Jordan imite le serpent qui orne la Roue du Temps.

C’est ce qu’il fait quand il donne aux personnages, aux lieux, des noms censés évoquer l’Age des Légendes.

Ainsi, et je me contenterai de cet exemple, Lews Therin Telamon est nommé Tamyrlin durant l’Age des Légendes, ce qui laisse songeur quand on pense à l’Amyrlin de l’époque de sa réincarnation Rand Al’Thor…

Conclusion

Cette petite analyse rapide vous a montré combien les références étaient importantes dans la Roue du Temps.

Libre à vous de trouver des références par vos moyens ; creusez-vous les méninges ou laissez-vous guider par des éclairs de lucidité ! Je vous garanti que vous ne devriez pas rentrer bredouille.

La Roue du Temps regorge de clins d’œil. Ils participent à l’impression de puissance créatrice que dégage cette œuvre.

L’équipe de la Pierre de Tear

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